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[NC-17 - Darkfic/Songfic - Jusqu’à la Fin des Temps]

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Message  Sugar-Junkie Mar 1 Juil - 22:53

Les petites notes de l'autrice - Une de mes plus longues nouvelles... Une des rares qui me plaisent encore aussi. Je vous conseille de la lire en écoutant "Love me Tender" d'Elvis, chanson glauque à souhait... Hm je sais pas quoi dire de plus, mis à part que c'est un texte assez... particulier !

Avertissement - Glauque/dépression/fin du monde/mutations/infanticide et ainsi de suite...

Disclaimer - Tous les personnages cités m'appartiennent, ainsi que leur univers. La chanson est néanmoins d'Elvis. Click Here.


Jusqu’à la Fin des Temps



Ce matin, je me suis levée. J’ai collé mon front à la fenêtre et j’ai regardé tomber les cendres. C’est comme des papillons gris et noirs. Sauf que c’est juste ce qui reste des gens. Ceux qui sont morts. Tous les jours, ça recouvre un peu plus la maison. Et peut-être que même ma fenêtre sera recouverte d’une croûte noire et que je ne pourrais plus regarder dehors. Peut-être même qu’on pourra plus sortir et qu’on va enfin mourir étouffées. J’entends la radio de Maman en bas.

Love me tender,
Love me sweet,
Never let me go.
You have made my life complete,
And I love you so.


C’est toujours la même chanson depuis... très longtemps. Et Maman fait semblant de ne pas le remarquer. Elle fait aussi semblant de ne pas remarquer que je ne grandis plus. Que je perds mes cheveux. Et puis, elle fait surtout semblant de croire que Papa va revenir un jour...

Love me tender,
Love me true,
All my dreams fulfilled.
For my darlin' I love you,
And I always will.


Le soleil ne traverse jamais les nuages. Il ne pleut jamais non plus. Pas un oiseau ne vole dans le ciel. Pas un insecte dans les quelques brins d’herbes qui dépassent encore du sol ravagé. Nous vivons toutes les deux dans un monde figé. Un monde désert. Un monde vide. Partir, dépasser la clôture du jardin, c’est signe de mort. Rester ici, c’est vivre éternellement la même journée. Papa n’a pas pu rester. Maman n’a pas pu partir. Et moi... Moi je suis restée avec Maman. Je ne sais pas trop pourquoi. J’ai oublié. Maintenant, ce n’est plus possible de faire marche arrière, de suivre ses pas. Les cendres ont bloquées la grille.

Love me tender,
Love me long,
Take me to your heart.
For it's there that I belong,
And we'll never part.


Je pose ma main sur le carreau sale et je regarde ma peau parcheminée et constellée de taches brunes. J’avais huit ans quand la bombe a explosé. Maintenant j’ai l’impression d’en avoir mille. Peut-être est-ce le cas. Mes cheveux sont tous blancs. Je ne suis pas sûre de ce à quoi je ressemble. Il n’y a plus de miroirs dans la maison. Papa les avait brisés, juste avant de nous abandonner.

Quand je serais grande... Quand je serais grande, je serais vivante. Mais je ne grandis plus du tout.

L’escalier craque. Maman est en train de monter. Mon coeur fait un bond entre mes côtes. Est-ce que c’est aujourd’hui ? Est-ce qu’enfin c'est aujourd'hui ? J’espère ! J’espère de toutes mes forces ! Si seulement elle s'était décidée...
Elle rentre. Ses yeux se posent sur moi, ses iris se rétractent. Dégoût. Je sais que je l’écoeure. Je me sens laide. Elle aussi, elle est laide. Son visage est presque épargné, mais tout son corps est couvert de brûlures... Qui ne cicatrisent pas. Qui ne cicatriseront jamais. De temps en temps, un lambeau de peau tombe par terre, rongé et noirci. Elle est en train de pourrir vivante, en même temps que je me dessèche.

Elle se force à sourire. On dirait qu’elle va me mordre. Me dévorer à coups de crocs, et puis me vomir ensuite. Mais elle ne le fera pas. Elle n’en a ni la force... ni le besoin. Nous n’avons pas besoin de manger. Depuis des années, je n’ai rien avalé. Mais je ne sens jamais la faim. Tout comme elle. Tout comme Papa. Avant.

J’ai comme une boule dans le ventre...

"Ma chérie, il neige ! Viens ! On va jouer dehors ! Papa sera content quand il rentrera si on lui fait un bonhomme de neige... On pourra faire des anges par terre après aussi..."

Son ton joyeux sonne faux. Ses yeux brillent trop, elle va pleurer. Ses genoux tremblent. C’est maintenant, alors ? Je m’éloigne de la fenêtre et je sors de la chambre à sa suite. Je ne mets pas de manteau par dessus ma chemise de nuit. Pas la peine. C’est une vraie fournaise dehors. Comme toujours. Des flocons de cendre se collent dans mes cheveux, je les chasse d'un geste de la main, sans trop y penser. La boule dans mon ventre grossit de seconde en seconde. J'ai peur...

"Assieds-toi, je vais chercher du matériel !"

Sagement, je m’agenouille. Je fais mine d’essayer de faire une boule avec la poudre grisâtre et friable. Il faut maintenir le masque jusqu’au bout. Pour qu’elle puisse faire semblant de ne pas savoir que je suis consciente de ce qu'elle veut faire. C’est le seul moyen, le seul moyen pour qu'elle ne perde pas courage d'un seul coup...

Elle est derrière. Je l’entends fouiller dans la cabane à outils. Elle ressort. Qu’est-ce qu’elle a dans les mains ? Je crois que c’est la bêche. Celle que Papy nous avait donné. Elle est lourde, solide. Je ne peux pas la soulever sans y mettre toutes mes forces. Elle va pouvoir me briser la nuque facilement, sans douleur, sans un cri. Elle ralentit... Je devine ses mains trembler sur le manche en bois. Est-ce que sa détermination fléchie ? Pitié, faites que...

La bêche tombe avec un fracas métallique et j’entends ses pas s’éloigner, vite, vite, en direction de la maison. Je peux l’entendre pousser des petits cris hystériques, comme des sanglots. Cette fois encore, elle n’a pas eu le courage d’aller jusqu’au bout.

Mes mains se crispent sur les cendres, mes ongles labourent le sol. Je sens des frissons parcourir mon dos en dépit de la chaleur étouffante. Soudain, je rejette ma tête en arrière et un hurlement monte du profond de mes entrailles, déchire ma gorge, explose contre mes dents...

Love me tender,
Love me dear,
Tell me you are mine.
I'll be yours through all the years,
‘till the end of time.
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